
L’Union européenne commence enfin à sanctionner des acteurs russes responsables de l’effacement du patrimoine culturel ukrainien.
Il est désormais urgent qu’ICOM fasse de même !
L’Union européenne commence enfin à sanctionner des acteurs russes responsables de l’effacement du patrimoine culturel ukrainien. Il est désormais urgent qu’ICOM fasse de même !
Ce mardi 20 mai 2025, l’Union européenne a adopté un 17ème paquet de sanctions
contre la Russie. « Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre ! » se réjouit que soit porté sur la liste des personnes frappées par ces sanctions le nom d’Elena Morozova, directrice du « musée national de Chersonèse Taurique ».
Pour la première fois, l’Union européenne, en sanctionnant cette personne, reconnaît les pratiques d’acteurs impliqués dans la politique d’effacement du patrimoine culturel ukrainien. Ainsi, Mme Morozova assume non seulement la responsabilité du démantèlement de Chersonèse, site archéologique inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, mais aussi la direction d’un complexe muséal vantant la NovoRossiya et ayant vocation à promouvoir un narratif justifiant les revendications russes de reconquête des régions orientales et méridionales de la Crimée. En outre, l’Union européenne indique que ce site constitue une base logistique pour les troupes déployées en ligne de front !
Le cas de Mme Morozova n’est pas un cas isolé. Depuis l’annexion de la Crimée et l’ouverture des combats dans le Donbass en 2014, depuis le lancement de l’invasion à grande échelle en février 2022, Moscou a clairement prémédité et mis en œuvre dans son plan de conquête un volet visant à effacer l’identité culturelle de l’Ukraine.
De nombreux faits documentés attestent de cette volonté, notamment le pillage systématique des objets d’art exposés dans les musées à Kherson, Marioupol, Melitopol, ou le déploiement de directeurs de musées russes ayant vocation à mettre en œuvre des recommandations méthodologiques dictées par le ministère russe de la Culture et ayant qualité pour constituer des expositions consacrées à l’histoire de « l’Opération militaire spéciale » …
C’est par exemple le cas de Yuriy Komlev, directeur du musée des Beaux-Arts d’Orenbourg, membre du bureau de l’ICLCM qui est l’un des comités internationaux d’ICOM, et décoré dernièrement du prix Dimitri Likhatchov, remis lors du festival annuel russe « Inter-Museum » et reconnaissant son titulaire comme « le directeur de musée de l’année ». Prix bien mérité puisque sur les réseaux sociaux, M. Komlev communique régulièrement sur son travail de russification de musées localisés dans l’oblast de Donetsk…
Cette politique de russification des territoires occupés est clairement revendiquée et assumée par le président d’ICOM Russie, Vassily Pankratov dans sa réponse en octobre dernier à la demande d’explications de la présidente d’ICOM comme dans celle qu’il a donnée il y a quelques jours sur les réseaux sociaux pour réagir à la tribune que nous avons publiée dans le quotidien « le Monde » du 6 mai dernier, tribune demandant l’exclusion d’ICOM Russie d’ICOM, pour des faits aujourd’hui dénoncés par l’Union européenne.
ICOM est donc placée face à ses responsabilités. Alors que le président d’ICOM Russie laisse entendre dans sa dernière réponse qu’ICOM s’accommode d’actes constitutifs de crimes contre l’humanité, il est urgent que le conseil d’administration de cette organisation assume le contenu de ses statuts, son règlement intérieur et de son code de déontologie en excluant ICOM Russie ainsi que les membres de ce comité menant des actes comparables à ceux menés par Mme Morozova ou M. Komlev.
Il en va désormais de la réputation d’ICOM et de l’honneur des conservateurs et directeurs de musées membres de cette organisation.