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Illustration de Damien Roudeau _Inkyfada.com

Survivantes et résistantes

Des Ukrainiennes témoignent des viols commis en Ukraine, depuis 2014, par les soldats russes.

Ces femmes ont créé un réseau unique, SEMA Ukraine (soutenu par la Fondation Dr. Denis Mukwege), pour aider les survivantes des régions libérées de l'occupation russe.

Elles rassemblent une documentation sur ces exactions afin que tous les coupables soient jugés et punis.

Les enregistrements ont été partiellement réalisés à l'occasion de la conférence internationale "Providing Holistic Care for Survivors of Sexual Violence and Tortures - Ukraine" (Pologne, novembre 2023).

 

Réalisation ADDP avec la collaboration de Pour l'Ukraine, pour leur liberté et la nôtre

Les viols, une arme de destruction massive

« Le viol est encore pire que le meurtre, parce que je dois le revivre tous les jours »

Christina Lamb

Nos corps, leur champ de bataille ; ce que la guerre fait aux femmes

(Trad. F. Gondrand, Harper Collins, 2021 )

          L’étendue et le caractère systématique des viols commis par les soldats russes en Ukraine, sur les femmes, les enfants, les hommes civils ou militaires, en public ou sous le regard des familles, n’a commencé à émerger qu’à la libération de Boutcha et des villages de la région de Kyiv. Ce n’était là qu’un aperçu de l’ampleur des crimes sexuels qu’on a découverts, après le retrait des armées russes, dans les régions de Kharkiv ou Kherson. On imagine dès lors sans mal ce qu’ont subi les civils de Marioupol et de l’oblast de Zaporijia. Ils se perpétuent aujourd’hui sur les détenu.e.s dans les prisons russes des zones annexées . Or ces viols systématiques ont été documentés depuis 2014 dans le Donbass occupé et en Crimée [1], comme en témoigne l’association SEMA-Ukraine , fondée en 2019 par l’une des survivantes, Iryna Dovgan.

          Ces violences ne sont pas à mettre au compte des crimes « courants en temps de guerre ». Ils relèvent d’une volonté politique :   les soldats y sont incités par leur supérieurs. Contribuant à répandre la terreur, ils participent du plan du Kremlin : obtenir la soumission totale de la société ukrainienne. Élément central de la déshumanisation de la population civile, le viol n’est pas un « crime de guerre ». Il entre non seulement dans le cadre des crimes contre l’humanité, mais dans un ensemble de crimes perpétrés à des fins génocidaires [2]. C’est le sens de l’intervention de l’anthropologue Véronique Nahoum-Grappe, qui s’est exprimée au nom de Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre, lors de la conférence internationale  qui s’est tenue en novembre 2023, à Leszno en Pologne : « Tout viol est une torture, toute torture est un viol » .

          Il faudra du temps pour que l’amplitude de ces crimes puisse être au moins partiellement cernée, mais le silence ne doit pas retomber sur ces violences. Pour les victimes et leurs familles, elles ne sont pas du « passé », mais une torture continuée, qui envahit le présent. Pour qu’elles puissent devenir véritablement des « survivantes », il leur faut obtenir respect et soutien .

Cette reconnaissance passe par la justice devant les tribunaux ukrainiens et internationaux.

[1] Ketaki Zodgekar “SVAC Explainer: Wartime Sexual Violence in Ukraine, 2014-2021”, Belfer Center, Harvard Kennedy School, Février 2023.

[2] “An Independent Legal Analysis of the Russian Federation’s Breaches of the Genocide Convention in Ukraine and the Duty to Prevent”, Rapport du Centre for Human Rights Raoul Wallenberg, mai 2022, p. 32.

 

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