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La participation des athlètes russes sous bannière neutre est un leurre

Collectif JO

11 oct. 2023

Ils serviront forcément de tremplin à la propagande du régime autocratique et belliciste de Vladimir Poutine

La Photo La Parade des athlètes russes participant à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques à Londres en 2012 / Reuters Archives est en illustration de notre tribune parue dans Ouest-France, 9/10/2023



Fin juillet, aux Mondiaux d'escrime de Milan, ce n'est pas le sport qui a été à l'honneur, mais un incident spectaculaire entre l'Ukrainienne Olga Kharlan et la Russe Anna Smirnova. Celle-ci a créé l'incident, en exigeant une poignée de main au lieu du simple salut au sabre que proposait Kharlan. Smirnova est ensuite restée plus de 45' seule sur la piste, pour obliger les arbitres à sanctionner son adversaire. Avant le combat, le président intérimaire de la Fédération internationale d'escrime (FIE), Emmanuel Katsiadakis, aurait pourtant assuré à Kharlan qu'elle ne serait pas tenue à une poignée de main - le salut au sabre ayant été réglementaire pendant l'épidémie de Covid.


Des athlètes prétendument neutres et leurs fédérations au service de la propagande russe


Bien que validée athlète indépendante neutre par la FIE, la Russe a ainsi démontré qu'elle restait au service de la propagande de son pays.


Sous la pression de Smirnova, O. Kharlan a d'abord été disqualifiée et exclue de toute la suite de la compétition. Est-ce surprenant, sachant que la FIE était présidée de 2008 à 2022 par l'oligarque russe pro-Poutine Alicher Ousmanov, qui y conserve une forte influence ? Le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Koch, est ensuite intervenu " à titre exceptionnel " pour garantir une place à Kharlan aux JO de Paris. La FIE a alors fait partiellement machine arrière, autorisant Kharlan à concourir dans l'épreuve par équipes.


Le sport est un pilier essentiel du système militariste de Poutine


Le cas Smirnova montre l'impossibilité d'établir des limites nettes à l'intérieur d'une zone grise du soutien à la guerre en Ukraine. La Fédération internationale de judo, elle aussi sous forte influence russe, en avait donné une première illustration en mai dernier. Elle avait admis à ses Mondiaux de Doha une délégation russe d'athlètes indépendants neutres composée pour moitié de militaires - dont l'un, l'adjudant Inal Tasoev, faillit bien priver Teddy Riner de sa médaille d'or, et a quand même été co-sacré champion en toute discrétion, un mois plus tard !


D'autres athlètes indépendants neutres présents dans les compétitions internationales, depuis les recommandations du CIO en mars dernier, participent à des équipes constituées de militaires russes, s'entraînent dans les clubs de l'armée ou de la police, ou (comme Smirnova) soutiennent sur les réseaux sociaux les forces armées russes. Beaucoup de ces informations sont opportunément effacées, pour brouiller les pistes.


Le poids du sport dans le régime poutinien est unique en son genre. Cette collusion (la sportokratura) fait des sportifs russes un outil de propagande exceptionnel pour Poutine, sapant les valeurs olympiques et démocratiques.


Ne laissons pas Poutine salir les Jeux et notre capitale


Le Comité international paralympique (IPC), qui avait adopté une position très ferme fin 2022, a fait machine arrière le 29 septembre dernier, contre l'avis de sa commission des athlètes. Le vote pour réintégrer le Comité paralympique russe a été serré. Nous saluons la réaction du Comité paralympique et sportif français, dénonçant " le risque de manipulation, même sous bannière neutre " et " les pressions exercées (...) sur certains Comités Paralympiques nationaux ". Elles démontrent combien les Jeux de Paris sont importants pour Poutine. Ne les laissons pas devenir les Jeux de la honte, au risque d'un boycott par l'Ukraine et d'autres pays.


Pour que l'armée des athlètes de Poutine ne puisse remporter des victoires olympiques, qui fourniraient un tremplin en or à son régime, nous appelons le CIO et l'IPC à refuser la venue aux Jeux de Paris des athlètes russes et biélorusses, même sous pavillon neutre, à l'exception de celles et ceux qui ont exprimé leur opposition à la guerre en Ukraine.



Pour cet appel, le collectif JO se compose de :


Joëlle Garriaud-Maylam, Sénatrice Honoraire représentant les Français établis hors de France (groupe Les Républicains)

André Gattolin, ancien Sénateur des Hauts-de-Seine (groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants)

Arnaud Genestine, consultant sportif

André Klarsfeld, vice-président de Pour l'Ukraine, pour leur liberté et la nôtre !

Etienne Klein, physicien, essayiste

Jean-Yves Leconte, ancien Sénateur représentant les Français établis hors de France (groupe Socialiste, Écologiste et Républicain)

Sylvie Rollet, professeur des Universités émérite, président de Pour l'Ukraine, pour leur liberté et la nôtre !

Nicolas Tenzer, enseignant à Sciences Po Paris


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