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Entre cynisme américain et attentisme européen, l'Ukraine face à un été meurtrier

Dernière mise à jour : 13 sept.


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L'inflexion de Trump sur les livraisons d'armes est bienvenue, mais le délai accordé à Poutine ouvre tout l’été la voie à une offensive meurtrière des forces russes. Pendant que l'Europe s’assoupit dans les vacances, comment aider l'Ukraine à résister ?


Le président américain annonce désormais la reprise des livraisons d'armes – notamment les systèmes Patriot si cruellement nécessaires pour protéger les villes et les civils – via un système « Cash and Carry » : l'Europe paie, l’Amérique produit, livre et encaisse, l'Ukraine reçoit. Mais cette inflexion masque une réalité troublante.


Un piège mortel est tendu derrière cette offre. En accordant 50 jours au Kremlin pour instaurer un cessez-le-feu, Trump lui offre exactement le temps nécessaire pour mener à bien son offensive d'été. Pendant que les Européens s'apprêtent à partir en vacances, les carnassiers de Moscou, épaulés par 30 000 soldats nord-coréens, redoublent de voracité. L'économie russe vacille, mais Poutine veut une victoire militaire avant que les sanctions ne l'accablent, afin de décourager les alliés de Kyiv.


La contradiction est flagrante. Le 13 juillet, Emmanuel Macron proclamait devant les armées françaises que « la Russie constitue une menace existentielle qui pèse sur notre liberté ». Il annonçait un doublement du budget de la Défense d'ici 2027, atteignant 64 milliards d'euros. Mais quelle logique y aurait-il à construire une défense européenne qui n'inclue pas l'armée ukrainienne, la plus expérimentée au feu et la plus innovante du continent ? Quelle logique y aurait-il à invoquer une menace existentielle tout en refusant les mesures qui permettraient rapidement et à moindres frais de la conjurer en Ukraine ?

Contre l'attentisme européen, des solutions applicables rapidement.

Car ces solutions existent, juridiquement fondées et militairement efficaces, applicables dès maintenant. Elles ne ruineraient pas nos budgets, ne dégarniraient pas durablement nos arsenaux et ne risqueraient pas inconsidérément la vie de nos soldats.


La défense antiaérienne de l’Ukraine doit être renforcée au plus vite. Puiser dans les stocks européens des batteries Patriot et SAMP/T pour protéger les cités et installations énergétiques ne compromettrait pas notre sécurité. L'Allemagne s'est déjà engagée dans cette voie.


Activer le plan Skyshield permettrait d'interdire le ciel ukrainien aux missiles et drones russes sans confrontation directe avec l’agresseur. Environ 120 chasseurs européens répartis sur des bases OTAN de pays limitrophes suffiraient à protéger la moitié de l'espace aérien, capitale et centrales nucléaires comprises.


Confisquer les 210 milliards d'euros d'avoirs russes placés sous séquestre européenne s'impose pour financer la protection et la reconstruction de l’Ukraine. Le droit international l'autorise comme « contre-mesure » en cas d'agression.


Il faut en outre renforcer et faire respecter les sanctions économiques, en traquant les pétroliers de la « flotte fantôme » de Moscou, en lui fermant les détroits baltiques, en cessant les achats de gaz liquéfié et d'uranium. L'économie russe, au bord de la récession, ne résisterait pas à l’assèchement de sa rente énergétique.


Un contingent européen de surveillance peut être envoyé pour surveiller la frontière biélorusse, laissant ainsi des brigades ukrainiennes libres de se redéployer sur le front est.


Il importe enfin de se soucier du sort des gens. De prétendus « réalistes » s’effarouchent de « l’escalade », comme si elle était le fait des défenseurs d’une nation attaquée. Ces bons esprits prêchent l’abandon de territoires, alors que l’invasion russe ne vise pas seulement l’annexion de l’Ukraine mais la destruction totale de l’identité d’un peuple qui a choisi de déterminer librement son destin.


Comme le répète Oleksandra Matviichuk, présidente du Centre des libertés civiques de Kyiv, prix Nobel de la paix, il s’agit des enfants déportés en Russie, des civils détenus illégalement, des prisonniers de guerre soumis aux tortures et aux violences sexuelles, des millions de personnes qui vivent dans des zones grises. « People first ! », ajoute-t-elle. « Si l’on néglige cette dimension humaine, on ne trouvera jamais le chemin vers une paix durable. »


Cet été sera décisif. Poutine mise sur la lassitude occidentale et l'effet anesthésiant des congés pour réussir sa percée. Face à cette stratégie, l'Europe ne peut se contenter de constater la menace : elle doit agir. Le général Burkhard, chef d'état-major des armées françaises, l’a souligné : « la sécurité de l'Europe se joue en Ukraine ». Si l‘issue était une victoire russe, « on deviendrait les herbivores dans un monde de carnivores ». Cette lucidité stratégique doit se traduire par des actes politiques.


Le sursis offert à Poutine par Trump impose à l’Europe de saisir l’urgence du moment et d’agir sans délai. Dans 50 jours, si Poutine réussit son offensive d’été, il sera trop tard. L'Ukraine aura payé le prix de nos hésitations, entraînant dans son recul l'idée même d'une Europe libre et souveraine.


Les dirigeants européens peuvent encore marquer l'histoire du continent en forgeant une véritable coalition de volontaires, et non une ligue de velléitaires. C'est une question de vie et de mort pour l'Ukraine, sa population, sa langue et sa culture. C'est aussi une épreuve existentielle pour l'Europe qui se conçoit comme un espace de droit et de démocratie. L’Europe est seule, elle doit en prendre acte et se hisser à la hauteur de son destin.


L'Ukraine défend l'Europe contre la Russie. Mais qui protégera l'Europe contre son propre attentisme, quand chaque jour compte ?





Signataires


Tribune portée par :


Galia Ackerman, directrice de rédaction de Desk Russie

Vincent Desportes, Général de l’armée de terre (2S)

Antoine Garapon, magistrat

Ariane Mnouchkine, fondatrice et directrice du Théâtre du Soleil

Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue

Pierre Raiman, historien, Vice-Président de Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre !  

Sylvie Rollet, professeure émérite des universités, Présidente de Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre !  

Dominique Schnapper, ancienne membre du Conseil constitutionnel

Olivier Védrine, politologue, administrateur de l’association Jean Monnet

Emmanuel Wallon, professeur émérite des universités en sociologie politique



L'Ukraine défend l'Europe contre la Russie. Qui protègera l'Europe de son propre attentisme ?


Premiers signataires


  1. Vincent Amiel, professeur émérite de cinéma et des médias

  2. Jean-Pierre Andrevon, écrivain

  3. Antoine Arjakovsky, directeur de recherche au Collège des Bernardins

  4. Monique Barbaroux, administratrice de l'État honoraire

  5. Pierre Bayard, professeur d'université émérite

  6. Yves Beguin, professeur émérite d'hématologie, Belgique

  7. Anne E. Berger, Professeure émérite de littérature française et d’études de genre

    Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis

  8. Bernard Bret, professeur des Universités (en retraite) géographe

  9. Jean-Marie Brohm, sociologue, professeur émérite des universités

  10. Michel Caillouet, ex-ambassadeur auprès de l'Union Européenne

  11. Anne Carion, éditeur

  12. Barbara Cassin, philosophe

  13. Anne et Laurent Champs-Massart, auteurs en littérature

  14. Henriette Chardak, écrivain, journaliste, réalisatrice

  15. Gilles Chevalier, contrôleur général des armées (2S)

  16. Denise Anne Clavilier, historienne et blogueuse

  17. Yan Ciret, écrivain, commissaire d'exposition, documentariste Radio France

  18. Michel Cogné, professeur de médecine

  19. Michel Collot, professeur des universités émérite

  20. André Constantinesco, professeur honoraire médecine

  21. David Copello, politiste

  22. Maïté Coppey, directeur de recherche émérite Inserm

  23. Bertrand de Cordoue, ingénieur général de l'armement

  24. Didier Coureau, Professeur en études cinématographiques Université Grenoble Alpes

  25. Cathie Dambel, cinéaste

  26. Jérôme Enrico, cinéaste

  27. Karen Entrialgo, professeure à l'Université de Porto-Rico en Arecibo

  28. Sébastien Espinet, économiste

  29. Kseniia Ermoshina, Chargée de recherche, CNRS

  30. Scott Erwin, économiste, ministère de la Santé du Québec

  31. Christine Fleury, éditrice

  32. Guylaine Floury-Dagorn, docteure en civilisation latino-américaine et traductrice

  33. David Franck, conseiller des Français de l'Étranger en Ukraine

  34. Hélène Funck-Dloussky, fonctionnaire internationale retraitée

  35. Georges Gonzales, ancien fonctionnaire des Nations Unies

  36. Eugène Green, cinéaste et écrivain

  37. Jean-Yves Guérin, professeur émérite de littérature française à l'Université Sorbonne nouvelle

  38. Alain Hélou, galériste, ancien attaché culturel en Russie

  39. Dr. Mieste Hotopp-Riecke, turcologue, directeur de l'Institut d'études caucasiennes, tatares et turkestanaises

  40. Marie-Anne Hugon, professeure émérite

  41. Jean-François Husson, professeur, Université Catholique de Louvain

  42. Laurent Jaoui, réalisateur

  43. Claire Kaiser, universitaire, université Bordeaux Montaigne

  44. Konstantin Kaiser, poète, philosophe, chercheur de l'exile, www.zwischenwelt.net, Autriche

  45. Gregory Kucherov, directeur de recherche CNRS

  46. Océane Lagleyze, Juriste et auteur d’un mémoire universitaire sur les violations des droits de l’enfant au cours de la guerre en Ukraine

  47. Gérard Lauton, universitaire (UPEC)

  48. Bernard Latarjet, président d'établissements culturels

  49. Sylvie Lindeperg, historienne, professeure des universités

  50. Isabelle Macor, traductrice littéraire, écrivain, chercheur en littératures comparées (Le monde slave et l'occident)

  51. Peter Mark, Emeritus Professor at Wesleyan University

  52. Marie Matheron, actrice

  53. David Noel, historien et président de la LDH 62

  54. Alexis Nuselovici, professeur des universités émérite

  55. Juraj Nvota, réalisateur slovaque

  56. Guillaume Origoni, journaliste

  57. Gérard Onesta, ancien vice-président du Parlement européen

  58. Sergio Paoletti, professeur émérite de biochimie, Italie

  59. Elena Pasca, philosophe, Roumanie

  60. Michel Perrin, professeur d'université émérite

  61. Piet, dessinateur de presse

  62. Mireille Piot, professeur émérite des universités

  63. Geneviève Piron, spécialiste du monde russe, directrice du Smith College, Genève

  64. Sonja Pleßl, traductrice et publiciste, www.zwischenwelt.net

  65. Olga Prud'homme Farges, réalisatrice et productrice

  66. Patrick Puges, polytechnicien

  67. Denis Querleu, professeur honoraire d'oncologie, visiting professeur au Policlinico Gemelli, Rome

  68. Alain Rabatel, professeur émérite de sciences du langage, université Claude Bernard Lyon 1

  69. Natacha Rajakovic, politologue, expert en relations internationales et communication stratégique

  70. Anne Rasmussen, historienne

  71. Antoine Rault, auteur dramatique et romancier

  72. Marie-Pierre Rey, historienne

  73. Nichole Robichaux, director of Advocacy in France for European Action for Ukraine, USA

  74. Michel Rostain, écrivain

  75. Olivier Roux, professeur d'université émérite

  76. Cécile Sakai, professeure émérite

  77. Christian Sautter, ancien ministre

  78. Guillaume Sauzedde, militant, réalisateur du documentaire " De ma fenêtre - Carnets de Lviv "

  79. Florence Samson, ambassadrice bénévole et officielle de la Fondation caritative ukrainienne Бонум de Lviv

  80. Anne-Marie Schermann, directrice de recherche CNRS

  81. Geneviève Schméder, professeur des universités

  82. Stuart Seidd, metteur en scène

  83. Constantin Sigov, professeur à l'Université Mohyla de Kyiv

  84. Marie-Claude Smouts, directrice de recherche honoraire au CNRS

  85. Philippe Souaille, producteur audiovisuel et journaliste

  86. Béatrice Soulé, réalisatrice

  87. Dr. Susanne Spahn, Expert des médias russes et de la désinformation, Université de Passa

  88. Brina Svit, écrivaine

  89. Jean-Claude Villemonteix, ancient diplomate

  90. Olivier Weber, écrivain, président du Prix Joseph Kessel, ancien ambassadeur de France

  91. Nicolas Weill-Parot, universitaire

  92. Zina Weygand, historienne



    Associations


  93. Collectif Solidarité Ukraine 95

  94. Vera Ammer, traductrice; membre de MEMORIAL Deutschland, Blau-Gelbes Kreuz, Lew Kopelew Forum

  95. Patrick Angelvy, secrétaire général de Pharmaciens Sans Frontières 94

  96. Oleksandra Bertin, présidente de l'association Ukraine Amitié

  97. Annick Bilobran, présidente Advule

  98. Christian Castagna, responsable de plaidoyer, Pour l'Ukraine, pour leur liberté et la nôtre !

  99. Zdravko Cerovecki, président de Croatie-Occitanie.fr

  100. Florence Chambon, conseillère municipale, coordination Solidarité Ukraine 95

  101. Mykola Cuzin, président du Comité Ukraine 33

  102. Henri David, président de l'ARASFEC unis pour l'Ukraine

  103. Xavier Grosclaude, président de l'Europa Club de France

  104. André Klarsfeld, Secrétaire-adjoint de Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre !

  105. Jean Couthures, porte-parole du Mouvement des Progressistes

  106. Yveline Le Montreer, association Tregor Solidarité Ukraine

  107. Oxana Melnychuk, association Unis pour l'Ukraine

  108. Anne Marleix, coprésidente de Terra Project

  109. Florent Murer, président de l'Association Kalyna

  110. Svitlana Poix, présidente de l'Association La Maison ukrainienne, Mérignac-Bordeaux Métropole

  111. Marie Rebaud, administratrice Ukraine CombArt

  112. llia Samotoi, président de l'association Solidarité Bretagne Ukraine

  113. Bernard Schalscha, délégué général Urgence Darfour

  114. Dominique Schnapper, sociologue

  115. Nataliya Shevchenko, présidente de l'association Vilna.UA, Nantes

  116. Christina Smoliy, présidente de l'association UKRAÏNKA à Limoges

  117. Svitlana Spenlé, présidente de l'association d'intérêt général Women 4 Ukraine

  118. Christian Tabiasco, président Mouvement Européen Morbihan

  119. Knesia Trilleaud, présidente de l'association Ukraine, la liberté d'être libre

  120. Laurent Vogel, chercheur en santé au travail, membre du RESU (réseau européen de solidarité avec l'Ukraine)

  121. Othar Zourabichvili, président de l'Association Géorgienne en France




Signatures citoyennes :


Liste à jour en date du 1er septembre 2025, 08h00, UTC +1.

Le document ci-dessous est en simple lecture. Si vous souhaitez signer notre appel, merci de le faire à l'aide du formulaire suivant : https://forms.wix.com/f/7349733226438459532



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